Au commencement
(Abraham Mazel raconte la révolte en Cévennes)
Relation d'Abraham Mazel :
"J’eus plusieurs inspirations par lesquelles il me feüt dit de me préparer à prandre les armes pour combattre avec mes frères contre nos persécuturs.
Nous feümes soixante en tout. Les armes que nous avions consistoint en vingt fusils ou pistolets tant bons que mauvais, quelques sabres, hallebardes, haches et faulx ; les autres avoint des battons en guise de mousquets.
Pierre Esprit rangea la troupe par inspiration, les faisant marcher quatre à quatre. Je marchoi à la droitte du premier rang, où lui-même, Nicolas Joini et Jean Couderc estoint. Nous entrâmes dans cet ordre au Pont-de-Monvert, en chantant des psaumes.
« Que demandez-vous cria l’abbé ? » - « Nous demande les prisonniers de la part de Dieu ». Voïant que rien ne paroissoit et qu’il faisoint la sourde oreille, je me mis à enfoncer la porte à coup de hache.
« Malheureux que tu es ! C’est par ceux que tu as fait pendre, roüer, envoïer aux galères, dans l’exil, et fait périr de misère et dans les souffrances, que nous te sommes envoïés pour te rendre selon tes œuvres ; car c’est ici le moment de ta rétribution ».
Qui feüt le signal et le commencement de la guerre des Cévennes qui a tant fait de bruit dans le monde."